Manifestation contre la présence des chasseurs de baleines dans les eaux calédoniennes
Informations aux médias et à tout public – Action Biosphère en partenariat avec Vert Pacifique
A l’appel d’Action Biosphère et de Vert Pacifique, une centaine de personnes se sont rassemblées face au Port Autonome de Nouméa pour protester contre la présence des navires japonais chasseurs de baleines.
Les manifestants se sont rendus au Haut-Commissariat pour une rencontre qu’ils ont souhaité avoir avec l’Autorité administrative.
Le petit nombre de manifestants (91 personnes) n’enlève rien à la qualité : la présence d’enfants et d’adolescents montre combien la jeunesse de notre pays est soucieuse de l’environnement.
L’implication de cette jeunesse doit interpeller les élus, Sénateurs, Députés, Conseillers du Territoire et Maires, sur la volonté des populations à voir la Nouvelle-Calédonie, à l’instar des autres pays et territoires du Pacifique, faire respecter les engagements de la communauté internationale en matière de protection des espèces menacées.
En effet, la Nouvelle-Calédonie se doit de montrer qu’elle fait partie de cette région – le Pacifique auquel nous appartenons – et qui a exprimé sa volonté de protéger son environnement, sa faune et sa flore alors qu’en d’autres régions de la planète il ne reste que cendres, déserts, puanteur des algues vertes ou atoll fissuré.
Par conséquent, il appartient à nos élus de faire entendre la voix de la Nouvelle-Calédonie, et cette voix ne peut être en dissonance avec les autres pays de la région et le reste du monde.
Il est dommage de constater aussi que nos responsables syndicaux, qui ont su prouver par le passé qu’ils savent défendre et protéger le patrimoine commun des populations du Pacifique, n’ont pas daigné, cette fois-ci, s’associer à cette manifestation.
C’est le Haut-commissaire, Exécutif du Territoire, que la délégation Action Biosphère – Vert Pacifique a souhaité rencontrer. En l’absence du haut-commissaire, son chef de cabinet étant en récupération de décalage horaire (sic), c’est un jeune stagiaire de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) qui a reçu la délégation des manifestants.
La délégation a introduit une demande formelle pour qu’une action des autorités soit engagée sous la forme d’une enquête par le service des Douanes pour vérifier la cargaison du navire usine.
Des soupçons bien fondés font craindre que les prétendues recherches scientifiques permettent la commercialisation de la chair de baleine, et que le processus en cours sur le navire-usine inclus le conditionnement de la chair de baleine pour la vente au détail sur le marché nippon.
Le Service des douanes en Nouvelle-Calédonie est compétent pour une telle enquête, l’article 42 du Code des Douanes le permet. De plus, le Directeur des Douanes peut décider de faire appliquer la Loi sans attendre les instructions du haut-commissaire. Les représentants d’Action Biosphère et de Vert Pacifique ne faisaient que demander l’application de la Loi.
Il est bien évident que, compte tenu du peu de compétence d’un stagiaire, fusse-t-il de l’ENA, la seule affirmation que la délégation a pu obtenir fut l’assurance que les doléances seraient transmises derechef au Haut-commissaire à Paris. Sa réponse serait communiquée à la délégation dans la soirée. Encore une fois, la décision est prise à Paris, à 20 000 km et 10 heures de décalage horaire.
La réponse définitive de l’Exécutif du Territoire n’a été communiquée qu’à la mi-journée du 3 décembre : c’est l’ex Police de l’air et des frontières, la DICILEC qui montera à bord. De contrôle de Douane point. Nous pensons que les autorités françaises n’ont pas voulu créer d’incident diplomatique et que des agents de police furent dépêchés parce qu’ils ne sont pas en mesure d’effectuer la vérification de la cargaison qui est de la compétence des agents du Service des Douanes.
Résultat final : la Nouvelle-Calédonie a reçu et avitaillé la flottille japonaise de chasseurs de baleines. Le navire-usine sera réparé à Nouméa avant de rentrer au Japon pour des réparations définitives avant de retourner sur les lieux de chasse des navires-tueurs. Notre pays se retrouve en opposition avec ses pays voisins qui ont refusé l’entrée dans leurs eaux des tueurs de baleines. La Nouvelle-Calédonie mérite-t-elle d’être encore une fois diabolisée ?
La seconde question que la délégation souhaitait poser à l’Exécutif du Territoire concerne la présence de la flottille de chasseurs de baleines dans la Zone Economique Exclusive de la Nouvelle-Calédonie.
Rappel des faits :
Pour 1997, sur le marché japonais, la vente de la chair des baleines tuées pour « recherches scientifiques » a rapporté plus de 50 millions de dollars américains ( plus de 5 milliards de francs CFP).
Le Japon a lancé la construction de nouveaux navires pour les besoins de ce juteux marché dont celle du Yushin Maru, unique tueur de baleines construit en 26 ans. La presse nippone a salué la mise à l'’au du Yushin Maru comme étént le renouveau de la chasse à la baleine par les Japonais.
Le 6 novembre 1998, le navire-usine, le Nissihin Maru et sa flottille de chasseurs de baleines quitte le Japon pour une campagne de chasse en antarctique.
Le 19 novembre le Nisshin Maru prend feu à mi-chemin entre la côte australienne et les Chesterfield (Nouvelle-Calédonie). Le navire doit stopper ses machines ;
Le 25 novembre le navire de l’organisation Greenpeace, l’Arctic Sunrise, localise le Nisshin Maru dérivant en panne de propulsion, et lui propose son assistance. Le Nisshin Maru répond que l’incendie a été circonscrit et que tout est sous contrôle.
Le 27 novembre, Greenpeace Australie informe Radio Djiido de la situation du Nisshin Maru et de l’arrivée imminente de la flottille des navires tueurs à Nouméa, précédant l’arrivée du navire-usine en remorque. Radio Djiido s’informe auprès du PC- secours en mer qui répond que le navire en panne a été secouru par les Australiens qui le remorquent vers l’un de leurs ports. Le PC- secours en mer situe le Nisshin Maru au Nord-Ouest de nos côtes. Effectivement, la flottille se trouve dans la Zone Economique Exclusive de la Nouvelle-Calédonie, en plein milieu des Chesterfield. Le PC secours en mer aurait-il menti par omission ou était-il ignorant des décisions prises ? Peut-être les archives nous le diront-elles.
Le 29 novembre, l’arrivée des chasseurs de baleines est confirmée ; Les pièces détachées nécessaires à la réparation du navire sont déjà acheminées depuis le port d’attache du navire-usine à destination de Nouméa ;
Le 30 novembre 3 navires accostent à Nouméa.
Le 2 décembre le navire-usine est lui aussi à quai, avec son accompagnateur-chasseur.
Nous ne sommes pas des élus, aussi notre pouvoir d’action est limité. Les informations dont nous disposons nous ont été communiquées par Greenpeace et par notre réseau de relations à travers le Pacifique.
Les autorités administratives sont bien mieux informées. Elles ont pris la décision d’autoriser l’entrée dans nos eaux et l’accostage à Nouméa à la flottille de chasseurs de baleines que les autres ports ont rejetée.
Les autorités administratives, et nous espérons qu’elles ne se limitaient pas à un stagiaire de l’ENA, ont décidé pour la Nouvelle-Calédonie et certainement sans prendre l’avis des élus, et surtout les membres du Congrès de qui l’Exécutif est censé recevoir les instructions.
Les élus, une fois informés, n’ont pas été nombreux à réagir :
- Rock Wamytan, Président du FLNKS, qui par le passé a montré l’importance qu’il accorde à la défense de l’environnement, a interpellé l’Exécutif ;
- Un autre élu a affirmé que protester contre les tueurs de baleines fâcherait les investisseurs japonais.
- Aucun signe des autres élus
Faut-il vendre son âme au diable pour une poignée de yens de plus ?
Faut-il accepter que la Nouvelle-Calédonie, par la volonté des représentants de ses populations, ait vocation à servir de refuge aux tueurs de baleines que chaque pays du Pacifique – même les plus pauvres- refuse de recevoir ?
Nouméa souffre déjà d’être la seule ville au monde à avoir fait manifester 1500 personnes en faveur des essais nucléaires.
Alors avons-nous les représentants que nous méritons ? Certainement pas. Il est à souhaiter de nouvelles élections et l’émergence dans le paysage politique calédonien de nouvelles personnes, de nouvelles forces de propositions, pour qu’enfin soient prises en compte les aspirations réelles des populations en matière d’environnement, de justice sociale et de démocratie.
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