Notre association a pour but premier la défense de la nature, mais elle a également pour finalité de promouvoir la qualité de la vie à long terme, et le développement de technologies appropriées, ce qui inclue nécessairement l’alimentation et donc l’agriculture. Elle adhère de ce fait au GAB, Groupement d’Agriculture Biologique et elle siège au Comité Consultatif des Produits Phytosanitaires à Usage Agricole et à Usage Jardin, en tant qu’association environnementale représentant la société civile.
C’est un domaine qui reste largement méconnu, mais qui mériterait pourtant toute notre attention quand on prend en compte l’ampleur de l’effondrement du vivant tel que l’évoque par exemple Aurélien Barrau, avec une perte de plus de 60% des organismes vivants sur la planète en 10 ans, largement imputable à un usage inconsidéré des pesticides. Compte tenu de la gravité de cette problématique, et de l’opacité qui l’entoure, nous allons tenter, sur la base des informations dont nous disposons, de faire un état des lieux de l’usage des PPUA en Nouvelle Calédonie.
1. Cadre et définitions
Dans un livret de vulgarisation, de 2018, la DAVAR donne des PPUA la définition suivante :
« Un produit phytopharmaceutique est une préparation composée d’une ou plusieurs substances actives, et de co-formulants, ( diluant, anti- mousse…) destinée aux traitements des productions végétales agricoles y compris horticoles et forestières, pour lutter contre les ennemis des cultures. ..On y trouve les insecticides, fongicides, nématicides, rodenticides, molluscicides, algicides, régulateurs de croissance et adjuvants »
A l’occasion du forum Agrinnov en 2019, les orientations de la politique agricole en Nouvelle Calédonie, pour les 5 à 6 ans à venir, ont été définies autour des axes suivants :
- Le développement de la filière biologique
- La production durable des cultures en particulier par la réduction de l’utilisation de produits phytopharmaceutiques à usage agricole ou PPUA.
Les conclusions de ce forum ont fait l’objet d’un rapport sous le titre de « Livret des plans stratégiques Agrinnov 2019 » édité en août 2019 sous l’égide de la Chambre d’Agriculture de Nouvelle Calédonie et du gouvernement qui comprend les 4 objectifs stratégiques suivants:
- Mieux connaitre l’usage et les impacts des PPUA sur la santé et l’environnement
- Stabiliser et faire évoluer le cadre juridique global des PPUA
- Renforcer le contrôle en lien avec l’usage des PPUA
- Générer une évolution agroécologique des pratiques via un système Recherche /Expérimentation/Transfert (RET) adapté.
Sur le plan juridique, voici l’article premier de la Loi de Pays n° 2017-3 du 7 février 2017 sur l’usage des PPUA en NC :
Article Lp. 252-1 :
Le présent chapitre a pour objet de garantir un niveau élevé de protection de la santé humaine et animale et de l’environnement et, dans le même temps, de préserver la sécurité alimentaire et la compétitivité de l’agriculture en Nouvelle-Calédonie. Il vise à s’assurer que, dans la limite des connaissances scientifiques actuellement disponibles, les produits phytopharmaceutiques à usage agricole ou à usage « jardin » sont appropriés à l’usage prévu et, qu’utilisés conformément aux prescriptions d’utilisation, ils n’ont aucun effet nocif sur la santé humaine ou animale ni aucun effet inacceptable sur l’environnement. Le présent chapitre s’inscrit dans une démarche globale visant à réduire progressivement l’utilisation des produits phytopharmaceutiques en Nouvelle-Calédonie, tout en maintenant une agriculture économiquement performante.
2. Pour un état des lieux des PPUA en Nouvelle Calédonie
Dans le « Livret des plans stratégiques » les rapporteurs du forum Agrinnov déclarent en 2019 :
« S’engager dans une politique publique opérationnelle de gestion durable des PPUA exige de se doter de données quantitatives…En nouvelle Calédonie, il n’existe aujourd’hui ( en 2019) aucun outil officiel de suivi pouvant contribuer à faciliter l’optimisation des usages et la réduction des impacts des PPUA…Les indicateurs de suivi et d’impact sont des outils indispensables pour éclairer un pilotage rationnel…Le NODU ( Nombre de Doses Unités) et l’IFT ( Indice de Fréquence de Traitement) sont par exemple des indicateurs couramment utilisé en France ».
Aucune réglementation n’impose l’utilisation du NODU et de l’IFT et faute de moyens financiers, humains et techniques, aucun de ces outils n’a été mis en œuvre en NC. En Nouvelle Calédonie, les données à disposition se limitent aux quantités de PPUA importées et leur distribution entre les grandes catégories fonctionnelles, insecticides, fongicides. La DAVAR tient à jour les registres réglementaires en matière de gestion des PPUA, particulièrement les listes des produits homologués et des SA disposant de l’agrément européen.
Les quantités de PPUA importées en NC entre 2010 et 2021 varient d’une année sur l’autre, avec parfois des chutes significatives comme celle, par exemple, entre 2016 et 2018 liée aux recours d’EPLP et à l’instabilité juridique qu’ils ont générée. Mais cette fluctuation est aussi imputable à d’autres causes souvent imprévisibles:
- Les aléas du climat (humidité, sécheresse, chaleur, )
- Prolifération d’insectes ravageurs, de champignons, de maladies
- Des surfaces et variétés mises en culture
La réduction de l’usage de pesticides peut aussi s’expliquer par un début de changement des pratiques agricoles, une amélioration du travail du sol, une meilleure utilisation des engrais, meilleure prophylaxie et de plus en plus l’usage de stimulateur des végétaux, que l’on considère à tord ou à raison comme des PPUA. Il est intéressant de constater que la réduction de l’usage de PPUA n’a pas entrainé une chute significative de la production.
Depuis 2020, on observe toutefois une tendance à la hausse de l’usage des PPUA qui ne va pas dans le sens des directives officielles en matière de politique agricole. Le 07/02/2019, la liste de substances actives agréées en NC comptait 64 produits, le 28/03/2022, elle en compte plus de 110 aujourd’hui.
A plus long terme il est fort probable que les PPUA d’origine chimique régressent du fait de la résistance des insectes ou des maladies, et surtout parce qu’il faut une quinzaine d’années pour mettre au point un produit phytopharmaceutique efficace, coûtant quelques millions d’euro, pour faire face à ces phénomènes de résistance qui vont en s’accélérant. Ce qui nous condamne à développer la recherche pour trouver des alternatives de nature biologique.
Autre constat : « entre 2012 et 2018 les importations de glyphosate ont passé de 19 500 litres à 25 900 litres soit une augmentation de 25%. ».
En métropole, l’utilisation non agricole du glyphosate est interdite depuis le 1er janvier 2017 pour les collectivités et les particuliers pour l’entretien des espaces verts ou autres. L’UE envisage son interdiction à compter de décembre 2023. En Nouvelle Calédonie, le glyphosate est un herbicide qui représente 41 % du volume des PPUA importés, pour 9% d’insecticides et 2% de molluscicides. Au niveau européen, une étude est lancée par 4 pays dont la France pour apporter les éléments qui permettront à l’UE de se prononcer pour reconduire le glyphosate, l’éliminer ou formuler des restrictions pour certains usages.
Localement, si le glyphosate reste autorisé, c’est parce qu’on s’adosse à l’UE. En NC, aucun particulier ne peut acheter ni utiliser un produit à base de glyphosate sans être en possession du Certiphyto NC1 ou NC3. Une municipalité peut utiliser le Glyphosate sous réserve de certaines règles par exemple, que les espaces traités ne soient pas fréquentés par des enfants ou des personnes âgées vulnérables, et que ses agents disposent d’un Certiphyto 1 ou 3 ou si elle fait appel à un sous-traitant disposant de cette qualification. Il est fort probable que la Nouvelle Calédonie suivra la décision de Bruxelles pour ce qui est du glyphosate. Compte tenu des impacts potentiels ou avérés de certains produits, comme le glyphosate, sur la santé, on peut s’interroger sur la responsabilité de la DASS pour l’autorisation de mise sur le marché. L’avis de la DASS est évidemment déterminant mais la loi veut que quand on applique un produit sur un végétal, comme c’est le cas du glyphosate, pour lutter contre les adventices, c’est obligatoirement et prioritairement du ressort de la DAVAR dont c’est la mission.
La question de savoir si un produit problématique comme le glyphosate est dangereux n’est pas du ressort du comité consultatif. Par contre il lui appartient d’évaluer s’il présente un risque acceptable ou pas. C’est un peu comme pour les requins. Il ne fait aucun doute que le requin blanc est dangereux, mais si on est hors de l’eau, il ne présente aucun risque. La NC n’a pas les moyens d’évaluer la dangerosité d’un produit. C’est la raison pour laquelle elle s’adosse à l’UE pour l’agrément des SA.
3. Fonctionnement institutionnel : réglementation, homologation, conseil consultatif
La réglementation qui régit actuellement la mise sur le marché de PPUA en NC impose que les Substances Actives SA, soient agréées et que les produits commerciaux soient homologués. Le cadre juridique des PPUA est évolutif. Trois étapes ont particulièrement marqué l’évolution de la gestion des PPUA, la réglementation de 1992 ; celle de 2012 et enfin celle de 2017. Le forum Agrinnov 2019 avait proposé 4 scénarios pour la faire évoluer encore.
« Scénario 1 : Adossement à l’UE pour les SA agrées et les PPUA homologués
Scénario 2 : Adossement à l’UE pour les SA agrées et évaluation « en interne » et au cas par cas pour les PPUA hors UE
Scénario 3 : Agrément des SA et homologation des PPUA étendus à d’autres pays (Australie…) disposant d’outils d’évaluation des dossiers
Scénario 4 : Adoption d’un système (Agrément SA et homologation PPUA) fondés sur une référence en conditions pédoclimatiques proches de celles de la NC (Australie, autre ?) »
Le scénario 2 qui se rapproche le plus de la gestion actuelle comportait des propositions comme la création d’un comité de pilotage qui n’a jamais existé. Il y avait un comité des sages et un comité technique chargé de l’évaluation du risque Les deux comités ont fusionné pour n’en former qu’un, l’actuel comité consultatif.
Le comité consultatif : Il est composé de plusieurs collèges avec des experts scientifiques, des représentants des professionnels de l’agriculture, des importateurs, des acteurs de la santé (DASS) et de la protection des travailleurs, l’administration du gouvernement et des 3 provinces et la société civile avec AB pour l’environnement er UFC que choisir pour les consommateurs. Le comité est consultatif, il examine les dossiers sur les produits qui lui sont soumis, et donne son avis s’ils présentent ou non un risque acceptable. On est en droit de s’interroger s’il dispose des capacités scientifiques et techniques nécessaires à une évaluation du risque ou la dangerosité d’un produit qui devrait être confiée à une expertise indépendante. Sur la base des informations qu’on lui transmet, son rôle ne devrait porter qu’à donner un avis sur la gestion du risque.
Plus précisément, Il est compétent pour donner son avis sur :
- l’autorisation ou le retrait d’une SA et les restriction d’usage
- toutes les questions de réglementation
- la réévaluation de certaines substances
Agrément et homologation : En NC il existe 2 voies d’homologation, une procédure « par équivalence » et une procédure soumise à l’arrêté du comité consultatif.
- La procédure « par équivalence » : pour les PPUA homologués en France, en Europe et dans certains pays comme l’Australie, la Nouvelle Zélande, les USA, le Canada, la Suisse s’ils contiennent des SA homologuées en Europe. Cette procédure est dite « simplifiée » parce que les produits qui suivent cette voie sont validés sur simple information du Comité consultatif
- La procédure soumise à l’arrêté du comité consultatif : Elle concerne les produits contenant des SA non agréées en Europe, les produits dont les SA sont agréées en Europe mais candidates à la substitution et les produits homologués dans d’autres pays que l’Europe ou les pays de référence, comme la Chine, le Costa Rica…contenant des SA agréées
L’UE est souveraine pour l’agrément des SA. Quand l’Europe décide de suspendre une autorisation de SA, les autres pays européens sont tenus d’appliquer cette suspension.
4. Evaluation – contrôle
La liste des substances actives phytopharmaceutiques à usage agricoles agréées, mise à jour le 26/03/2022 s’élève à 110 produits.
La dangerosité d’un produit se traduit par un code qui permet d’évaluer les risques pour l’environnement, le milieu, les organismes aquatiques ou les auxiliaires ou la santé. Ce code s’exprime en termes de « phrases de risque ». Les phrases de risque figurent en général sur les étiquettes ou les fiches des produits. En NC on ne dispose pas des moyens scientifiques et techniques pour évaluer la dangerosité d’une SA
Parmi les propositions du forum Agrinnov 2019 figuraient deux propositions qui ne semblent pas avoir été retenues, celle d’une séparation de l’évaluation des risques et de leur gestion et celle d’une reconnexion de l’homologation et la fixation des Limites Maximales de Résidus. On peut s’interroger aussi sur la fragilité du dispositif de contrôle des LMR pour les fruits et légumes produits localement et importés.
Certains produits sont régulièrement retirés de la liste des produits autorisés comme l’atrazine, un herbicide interdit en Europe en 2003, ou le mancozèbe, un fongicide qui a été retiré d’autorité par le gouvernement en NC, ou le chlorothalonil, en 2017, qui est aujourd’hui mis en cause en raison de contamination de l’eau potable par un produit de dégradation de ce produit classé cancérigène.
L’indoxacarbe est un insecticide toxique et nocif pour les abeilles, utilisé principalement pour lutter contre les chenilles processionnaires dans les plantations de maïs. Il existe des produits de substitution qui nécessitent une certaine technicité. Il a été retiré en UE de la liste des produits autorisés, mais il continue de figurer sur la liste des produits autorisé en NC. L’effondrement des abeilles est une catastrophe, mais d’autres produits comme le Decis tue également les auxiliaires.
Les néonicotinoïdes très toxiques pour les abeilles, ont été interdits en Europe en 2018, qui en outre a décidé en janvier 2023, de mettre fin aux dérogations accordées à certains états membres dont la France, qui continue d’autoriser son usage pour les betteraves sucrières. Ils sont interdits en NC.
Le S-Métachlore est un herbicide utilisé dans les champs de maïs, qui présente aussi des risques de toxicité importants qui ont conduit l’ANSES à en demander l’interdiction en France.
Une étude est en cours pour en retirer l’autorisation ainsi que celle d’autres produits qui mériteraient d’être retirés, mais les textes permettant ce retrait en NC font actuellement défaut, parce qu’il impliquerait la réglementation des Provinces.
L’IFT (Indice de Fréquence de Traitement) n’a pas été mis en œuvre en NC faute de personnel et d’un outil numérique adapté. Par contre chaque producteur a l’obligation de tenir à jour un cahier de traitement.
Le certifhyto est un ensemble de règles que l’applicateur est tenu de respecter, s’il ne les respecte pas et qu’il a des problèmes de santé, c’est de sa responsabilité. Il expose toutefois aussi la santé des consommateurs par les produits qu’il met sur le marché, d’où la nécessité d’un contrôle des fruits et légumes, pour évaluer leur teneur en pesticides.
Il y a quelques années, les PPNU (produits phytopharmaceutiques non utilisés), périmés, étaient collectés par la Chambre d’Agriculture, une opération destinée à liquider un stock historique de PPUA, aujourd’hui suspendue. On ne dispose pas à ce jour de texte réglementaire sur cette problématique qui implique aussi la compétence environnementale des Provinces. Récemment des distributeurs, importateurs ou coopératives ont donc décidé de se regrouper en association, Coléo, ayant pour but la collecte et le traitement de ces produits et leur emballage en vue de leur traitement ou neutralisation. En tant que déchets dangereux, ils devraient relever de la réglementation REP (Responsabilité Elargie du Producteur) et traités comme tels.
5. Alternatives, évolution des pratiques, expérimentation, recherches.
Si on leur propose des alternatives crédibles, il est fort probable que même les agriculteurs qui ne sont pas bio sont disposés à d’utiliser des solutions alternatives. Mais pour faire changer la pratique de quelqu’un, il faut l’accompagner et pour l’accompagner il faut de la confiance et obtenir des résultats crédibles.
Une première piste de recherche pourrait être de trouver, parmi les produits homologués en France des produits moins impactant, pour remplacer des produits jugés dangereux en NC.
Ensuite, une autre façon de réduire les pesticides consiste à expérimenter des espèces résistantes aux maladies et ensuite encourager les producteurs à les utiliser
Enfin, réduire l’usage des pesticides d’origine chimique nécessite de faire appel à des produits naturels, des micro-organismes entomopathogènes (champignons, bactéries ou arthropodes) qui tuent les insectes nuisibles. Il faut toutefois être conscient que ces micro-organismes sont pour la plupart exogènes. Leur importation puis leur usage peuvent provoquer des déséquilibres dans la microflore locale ce qui présente aussi un risque qu’on n’est pas capable localement d’évaluer.
En agriculture bio, on n’a toujours pas réussi à se débarrasser des chrysomèles et on n’anticipe pas la lutte contre le virus de la tomate ou la fusariose du bananier qui sont en train de contaminer la planète. Il apparait clairement qu’on ne va pas assez loin dans les recherches d’alternatives
6. Agrément des Substances actives et homologation des Produits phytosanitaires commerciaux à usage agricole ou de jardin.
Nous sommes régulièrement sollicités pour donner notre avis, favorable ou défavorable sur les demandes d’agrément de substances actives et l’homologation en vue d’une mise sur le marché en NC de produits phytosanitaires. La dernière demande de la DAVAR date du 18 avril 2023, avec un délai de réponse de 7 jours, suivie par une consultation sous forme d’enquête publique. Pour y répondre, nous nous sommes appuyés sur des informations fournies par la DAVAR et nous avons donné notre avis sur la liste des produits et substances candidats à une homologation ou un agrément en annexe 1.
7. Rappel de quelques définitions pour être au clair avec le vocabulaire utilisé :
Les pesticides : La directive européenne 2009/128/CE distingue 2 grands types de pesticides définis par leurs usages et non par leur formulation chimique, les produits phytosanitaires ou phytopharmaceutiques et les biocides.
Les produits phytopharmaceutiques : Ce sont des substances ou préparations chimiques contenant un ou plusieurs principes actifs destinés principalement à protéger les végétaux contre les organismes nuisibles en éloignant ou éliminant les organismes indésirables ( herbicides, insecticides, fongicides, acaricides, molluscicides..)
Les biocides : Ils ne sont pas strictement liés à l’agriculture. Il s’agit de produits non phytopharmaceutiques destinés à détruire, repousser ou rendre inoffensifs des organismes nuisibles, à en prévenir l’action ou à les combattre, tels que des désinfectants, des produits de protection du bois, des rodenticides ou des peintures antisalissures des bateaux
Substance Active : Les substances actives d’un produit phytopharmaceutique sont définies par la directive 91/414/CEE du 15 juillet 1991, comme suit : les substances ou micro-organismes, y compris les virus exerçant une action générale ou spécifique sur les organismes nuisibles ou sur les végétaux, parties de végétaux ou produits végétaux, y compris les fruits et les semences. Les substances sont définies comme les éléments chimiques et leurs composés, tels qu’ils se présentent à l’état naturel ou tels que produits par l’industrie.
Nom commercial : C’est le nom complet de la spécialité commerciale qui doit figurer sur le registre des pratiques phytosanitaires. A ne pas confondre avec la substance active contenue dans le produit.
Numéro d’AMM : A chaque spécialité commerciale correspond un numéro d’Autorisation de Mise sur le Marché qui se traduit par un numéro à 7 chiffres sur l’étiquette du produit.
Numéraux CAS : Le n° CAS d’une molécule est son numéro d’enregistrement unique auprès de la banque de données de Chemical Abstracts Service (CAS), une division de l’American Chemical Society (ACS) A ne pas confondre avec le n° AMM
Usages : Il est indiqué par un couple « plante – cible : 1. les cultures sur lesquelles le produit est utilisé (ex : blé, orge, vigne…) 2. La cible ou la fonction : fusariose, désherbage…). La réglementation limite l’application des produits phytopharmaceutiques aux seuls usages pour lesquels ils sont homologués.
Phrases de risque : Ce sont des indications présentes sur les étiquettes qui précisent les risques encourus lors de leur utilisation, de leur contact, de leur ingestion, de leur inhalation ou de leur rejet dans la nature. Elles se traduisent sous la forme « R » pour risque suivi d’un ou plusieurs nombres, chacun correspondant à un risque particulier. Par exemple R 57 signale un produit toxique pour les abeilles. Pour certains produits qui présentent plusieurs risques, leur dangerosité peut se traduire par une combinaison de plusieurs nombres, par exemple : R 26/R 27/R28 : Très toxique par inhalation, par contact avec la peau ou par ingestion. Les phrases de risque ont fait l’objet d’une directive européenne 67/548/CEE abrogée le 1er juin 2015. Avec l’adoption du Système général harmonisé de classification et d’étiquetage des produits chimiques, les phrases de risque sont devenues des phrases H.
La Zone Non Traitée aquatique : C’est la zone le long d’un cours d’eau ou aux abords d’un point d’eau où le traitement est interdit. En métropole, elle est définie réglementairement par l’arrêté du 12/09/2006, modifié par l’arrêté du 4 mai 2017. Par défaut elle est de 5 mètres. Elle peut être portée à 20 ou 50 mètres, selon l’autorisation de mise sur le marché du produit
Le DAR : Délai avant récolte : c’est la durée à respecter entre le traitement et la date de récolte prévisible. Elle est à minima de 3 jours
La LMR - Limite Maximale de Résidus : Ce sont les niveaux supérieurs de concentration de résidus de pesticides autorisés légalement dans ou sur les denrées alimentaires et les aliments pour animaux. Il existe une LMR définie pour chaque coupe : 1. Denrée (fruits, légumes, céréales…) – 2. Substance active de produits phytosanitaires. La liste des LMR est harmonisée au niveau de l’Union Européenne.
Pays d’origine : Il s’agit d’identifier les pays d’où viennent les produits phytosanitaires candidats à l’homologation, de vérifier s’ils disposent d’un agrément dans leur pays et qu’ils ont suivi la procédure d’homologation en vigueur en NC
Agrément en France : En mars 2021, on dénombre 1700 produits formulés disposant d’une AMM en France. Pour obtenir l’AMM, ces produits doivent préalablement être approuvés par l’UE sous la forme d’un « règlement d’exécution de la Commission européenne »
Candidat à la substitution : En 2009, le règlement de la CE n° 1107/2009 a introduit une nouvelle catégorie de substances actives, appelée « candidates à la substitution » dont on envisage la substitution. Cette catégorie avait pour but d’identifier les substances actives reconnues comme les plus nocives pour l’homme et l’environnement et de les remplacer par des alternatives moins nocives pour finalement conduire à leur élimination. Leur période d’approbation par l’UE était limitée à 7 ans. A noter qu’en 2022, sur 55 pesticides candidats à la substitution, dont 12 particulièrement nocifs, 47 sont toujours sur le marché européen
Procédure d’homologation d’un PPUA en NC : Certaines substances actives comme le vinaigre, le fructose, considérées comme des substances de base ou d’origine naturelle (sulfate de cuivre, savon noir…) sont dispensées d’agrément. Pour les autres produits phytosanitaires, on peut distinguer 2 cas : 1. Le gouvernement peut homologuer un PPUA par arrêté, par voie d’équivalence lorsque la substance active est autorisée par l’Union Européenne, qu’elle n’est pas candidate à la substitution et qu’il est issu de la liste positive du pays. 2. Un PPUA peut aussi être homologué par voie exceptionnelle du comité consultatif lorsque la substance active n’est pas autorisée en Union européenne ou elle est candidate à la substitution ou le PPUA qui la contient est issu de la liste positive ou une extension d’usage non prévue par le fabricant est souhaitée- Extraits du livret de la DAVAR
Sur le plan méthodologique, pour simplifier le travail qui nous est demandé et harmoniser les appréciations des membres du comité consultatif, nous sollicitons l’adoption et la mise en œuvre par la DAVAR d’un tableau de synthèse, en annexe 2, où figure l’ensemble des critères d’appréciation pour la totalité des produits et substances candidats à une homologation en NC.
Pour conclure et préciser notre point de vue, nous ne pouvons pas résister à l’envie de rappeler la définition que Fabrice Nicolino et François Veillerette donnaient du mot « pesticides » dans leur livre paru en 2007 « Pesticide – Révélation sur un scandale français » :
Le mot « pesticides » a été forgé en 1960 à partir de l’anglais pest, qui désigne les ravageurs de l’agriculture, et du suffixe -cide, qui vient du latin caedere, qui signifie « tuer ». Ils rappellent que certains pesticides, même à doses infinitésimales sont de graves poisons qui sont susceptibles de provoquer de nombreux cancers, de bouleverser les systèmes immunitaires et endocriniens, de limiter la fertilité, d’augmenter les risques de malformations intra-utérines… Ils en déduisent que la chimie des pesticides, qui vise officiellement à combattre les ravageurs agricoles, est une guerre permanente contre la vie.
En annexe cliquer pour suivre le lien :
- Liste des Substances Actives en demande d’agrément, avis et remarque de AB
- Demande d’homologation des produits phytosanitaires, avis et remarque de AB
- Proposition de tableau pour les réunions du comité
Références :
https://reporterre.net/Pesticides-un-Atlas-mondial-expose-le-desastre
télécharger l'Atlas mondial des pesticides
https://www.politis.fr/articles/2023/05/pesticides-le-grand-detricotage/
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