A l’école primaire déjà, on apprend que le littoral est un milieu instable et que la mer est susceptible d’en modifier le profil au gré des vagues et des courants. Ce phénomène naturel qu’on peut observer sous toutes les latitudes est évidemment préoccupant pour tous ceux qui habitent « les pieds dans l’eau » ou ceux qui utilisent la plage à des fins ludiques ou professionnelles.
Un article paru dans les Nouvelles le 9 juin 2009 sous le titre « 45000 m3 de sable pour sauver le site » nous apprend que des experts auraient trouvé « une solution douce » pour lutter contre l’océan. Il aura fallu 2 ans à une équipe d’ingénieurs pour trouver que le meilleur moyen de sauvegarder la plage de la Roche Percée était de l’ « engraisser » en y déposant 45 000 m3 de sable.
L’article ne précise pas combien de temps le sable va rester à l’endroit où on l’aura déposé, ni quand il va falloir recharger la plage, ni si d’autres solutions ont été envisagées, ni le coût de l’étude. Il ne précise pas non plus la provenance du sable, ni à qui va profiter l’opération. Compte tenu de la proximité du domaine de Gouaro Déva et de ses gisements de sable, la solution semble toute trouvée.
Creuser des trous dans le sable en perturbant gravement le milieu naturel pour remblayer la mer, avec un résultat dont chacun sait qu’il ne sera pas durable pourrait passer pour une plaisanterie de mauvais goût
Il y a quelques mois, en effet, nous avions dénoncé le projet d’extraction de sable à la Pointe Vidoire à cause de l’impact que cette carrière allait avoir sur la faune, la flore, les réseaux d’eau de surface et sous terrains. Heureusement ce projet a finalement été abandonné, suite à la mobilisation des populations riveraines et des associations.
Va-t-on également consacrer 2 ans d’étude pour que des experts puissent évaluer les conséquences que l’extraction de sable aura inévitablement sur le milieu naturel sur le domaine de Gouaro ? En creusant des trous en zone littorale, on peut d’ores et déjà prévoir la formation de marais saumâtres, véritables nurseries à moustiques, qu’on sera ensuite fortement tenté d’asperger de Malathion pour ne pas incommoder les touristes. On risque aussi de perturber gravement les réseaux d’eau douce qui s’écoulent sur la plage et dans le lagon, et qui contribuent au développement d’une vie marine originale, alors que cette zone est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Malheureusement, si elle se réalise, cette opération n’aura pas seulement un impact sur l’environnement, mais aussi sur les finances publiques. En appliquant le tarif du sable de mer sur le marché, on peut se faire une idée de la dépense. Si le sable qu’on va envoyer à la mer est définitivement perdu, les contribuables pourront malgré tout dormir tranquilles, les marchands de sable veillent et ils y trouveront sûrement leur compte : il n’y pas que la plage qu’on aura « engraissée ».
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