Dans le cadre du projet de porter à 10% sous protection forte la surface du Parc Naturel de la Mer de Corail, le Service chargé du Parc au gouvernement a décidé de lancer une consultation publique, ouverte jusqu'au 18 Aout, à ce sujet.
https://gouv.nc/objectif-10-de-reserves-dans-le-parc-naturel-de-la-mer-de-corail
Les membres du comité de gestion ont pu exprimer leur point de vue sur ce sujet et formuler leurs arguments favorables ou opposés à ce projet. Comme on pouvait s'y attendre, cette consultation fait état d'intérêts divergents et les avis sont donc partagés. Action Biosphère profite de cette opportunité pour soulever quelques questions jusqu'ici sans réponse, qui sont pourtant de nature, nous l'espérons, à éclairer le débat.
Monsieur le ministre,
Mesdames Messieurs du SPNMCP
Nous vous remercions de cette attention portée à nos éventuels questionnements. Cela pourrait presque nous sembler incongru, étant donné que l’on demande depuis de nombreux comités de gestion de pouvoir, en tant qu’association locale, solliciter directement le Comité scientifique du Parc et que cela nous est refusé. Les questions liées à l’extension des aires marines protégées ne relèveraient-elles pas d’abord d’une expertise scientifique ? Nous souhaiterions également pouvoir accéder aux données de pêche, comme par exemple les données concernant les captures d’holothuries par espèce aux Chesterfield ou les fiches de pêche au thon. Ce ne sont pas les questions qui manquent, mais le bon interlocuteur pour y répondre. Voici quelques exemples des questions pour lesquelles nous souhaiterions avoir un éclairage du SPNMCP :
- n’observe-t-on pas une baisse globale sur la dernière décennie de rendement des thons ? (NB : nous avons bien remarqué le sursaut en 2022 des prises de thon blanc (Thunnus alalunga). Voir la figure ci-dessous).
- que faire pour limiter les captures de thon bachi, de marlin bleu et de voiliers, qui sont trois espèces menacées d’extinction selon l’IUCN ? Ne doit-on pas systématiquement remettre à l’eau les individus encore vivants de ces espèces ?
- les données concernant les espèces les plus vulnérables de cette pêcherie, qui sont les tortues marines, les oiseaux marins, les cétacés et les requins sont insuffisantes ; la dernière synthèse (2022) n’évoque même plus ces prises dites « accidentelles » !
- nous souhaitons pouvoir accéder aux données brutes qui sont les fiches remises au SPNMCP par les pêcheurs et les observateurs des pêches ; ces données, qui concernent pro parte des espèces menacées d’extinction comme les thons bachis, les marlins, les tortues marines et les grands requins océaniques ne devraient-elles pas être communiquées en toute transparence ?
- enfin la contamination des thons et des marlins par les métaux lourds est un grave problème à étudier et à prendre en compte.
Nos voisins australiens protègent 40% de leur ZEE de la pêche et nous rechignons à en faire autant ?
Contrairement à l’air du temps nous ne sommes pas dans le registre belliqueux à court terme (« fenêtre de tir de 3 jours » ?) mais bien sur l’assurance d’une qualité de vie harmonieuse sur le long terme. Permettez-nous de rappeler que la vocation première du parc est bien la protection des espèces et des écosystèmes, et non celle des intérêts privés qui se les approprient.
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