Pladoyer pour la protection des ressources naturelles...

Casy

Plaidoyer pour l’inscription dans la loi organique de la protection des ressources naturelles, la lutte contre les pollutions, la promotion d’un développement durable et intervention auprès du FLNKS pour faire prendre en compte la protection de l’environnement dans la loi organique


Lettre ouverte à Monsieur le Ministre – 28 août 1998
Monsieur le Ministre,
La Nouvelle-Calédonie a la chance de bénéficier de ressources naturelles abondantes, d’hériter d’une biodiversité exceptionnelle, qui confèrent à ce pays une qualité de vie enviable.
Par sa formation très ancienne et son relatif isolement, le milieu naturel calédonien est particulièrement original avec plus de 3200 espèces végétales recensées, dont environ 80% sont endémiques. Mais il est également très vulnérable. Malgré une densité de population relativement faible, il a subi des dégradations importantes, qui se sont accentuées les dernières années, d’autant plus que la Nouvelle-Calédonie est restée en marge de l’évolution juridique qu’ont connue la plupart des pays développés en matière de protection de l’environnement.
Norman MYERS a classé la Nouvelle-Calédonie parmi les 5 premiers pays pour sa richesse biologique, mais également au 12ème rang des pays où la biodiversité se trouve la plus menacée.
De tous temps, les habitants de ce pays ont tiré de leur environnement naturel de quoi se nourrir, se soigner, construire leurs maisons ou fabriquer leurs outils. Les éléments de la nature leur ont même fourni des repères pour se situer dans le temps et l’espace, ainsi que les fondements de leur culture.
Aujourd’hui encore, les ressources naturelles sont pour la population calédonienne des atouts prépondérants de développement, dans des domaines aussi variés que l’agriculture, la pêche, le tourisme, la recherche scientifique. …
Compte tenu du caractère exceptionnel et spécifique de la biodiversité en Nouvelle-Calédonie,
Compte tenu de l’importance des ressources naturelles pour les populations actuelles et les générations à venir,

« La protection des espaces naturels et des paysages, la préservation des espèces animales et végétales, le maintien des équilibres biologiques auxquels ils participent et la protection des ressources naturelles contre toutes les causes de dégradation qui les menacent sont d’intérêt général ».

 

Il est du devoir de chacun de veiller à la sauvegarde du patrimoine naturel dans lequel il vit et de veiller à l’application des mesures nécessaires à la conservation des espèces, la préservation des sites et la protection des ressources naturelles contre toutes les formes de dégradation ou de pollution.


La protection de la nature est aujourd’hui une nécessité reconnue et acceptée par la grande majorité des pays de la planète. Elle se traduit par la signature de Convention internationales, comme le Protocole de Montréal ou la Conférence de Rio…Sous peine de créer les conditions mêmes de son mal développement, la Nouvelle-Calédonie ne peut rester en marge de cette évolution et doit se donner les moyens de participer sans fausses notes à ce concert des nations.


A l’heure où le Territoire évolue vers son émancipation, il est nécessaire qu’il se dote d’une véritable politique de l’environnement, à partir d’une approche globale et d’un schéma directeur à l’échelle du Territoire. Les disparités qu’engendre la dévolution aux Provinces de l’environnement ne peuvent que nuire à la cohérence et à l’efficacité d’une politique environnementale. Celle-ci ne peut qu’être impulsée par le Territoire, par exemple sur la base d’un inventaire des « Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique de Faune et de Flore ».
L’introduction d’espèces exogènes doit être évitée et soumise préalablement à une étude scientifique sérieuse permettant d’évaluer l’impact que cette introduction peut avoir sur le milieu naturel. Elle ne pourra être acceptée que si elle ne présente aucun risque pour les espèces endémiques selon un cahier de charges rigoureux destiné à en contrôler les effets.


Les forêts primaires, humides, sclérophylles, et mangroves doivent être totalement protégées et il serait nécessaire, pour alimenter la filière bois, d’ouvrir de vastes chantiers de reboisement en essences appropriées, générant des emplois. La lutte contre les feux doit s’intensifier et se généraliser sur l’ensemble du Territoire.
Les travaux et projets d’aménagement, notamment l’exploitation minière, doivent respecter les préoccupations d’environnement, en particulier quand leurs dimensions peuvent porter atteinte au milieu naturel. Ils doivent être soumis à étude d’impacts et enquêtes publiques. La réhabilitation des sites à la charge de l’exploitant sera rendue obligatoire, notamment dans le domaine minier.


Le développement économique privilégiera les technologies respectueuses de l’environnement, qui s’inscrivent dans une perspective de prospérité à long terme.
Il est temps de mettre un terme à la pollution des eaux par les eaux usées, en particulier à Nouméa et sa banlieue. Un effort doit être fait dans le domaine de l’assainissement et de la gestion des déchets, par tri et recyclage. Compte tenu de l’importance de la mer, des mesures de protection du littoral doivent être appliquées.


Afin de veiller au respect des principes ainsi définis, et qui pourraient faire l’objet d’un consensus entre les partenaires des Accords de Nouméa. Il pourrait être institué un « Observatoire de l’Environnement », organisme consultatif émanant du Congrès et regroupant des scientifiques, des techniciens, des élus, mais aussi des représentants d’associations ayant pour objet la défense de la nature et qui aurait à traiter tout problème relatif à l’environnement.


Il n’est pas concevable que la France refuse de se préoccuper efficacement de préserver les ressources naturelles de ce pays en oubliant d’inscrire cette préoccupation dans la loi organique. Elle porterait aux yeux des générations à venir, appelées à vivre sur ce Territoire une lourde responsabilité.
Il en a probablement résulté l’inscription dans la loi organique de l’article relatif à la création du Comité Consultatif de l’Environnement