Mobilisation contre le réchauffement climatique

eoliennes

Intervention du 21 septembre 2009 devant la Province Sud

Je vous remercie d’avoir répondu à notre appel ce soir à ce petit rassemblement impromptu. Nous ne sommes pas nombreux, mais le nombre importe peu.
Ce qui compte, c’est que ce rendez-vous s’inscrit dans une mobilisation mondiale d’alerte contre le réchauffement climatique qui rassemblera des milliers de personnes sur les 5 continents pour alerter l’opinion publique, mais aussi nos dirigeants sur l’urgence et la nécessité de prendre des mesures destinées à réduire les rejets de gaz à effet de serre et enrayer le réchauffement climatique.
Depuis 2007 et le film d’AL GORE, « La Vérité qui dérange », le monde entier sait que le réchauffement climatique n’est pas une invention d’écologistes en mal de publicité mais un phénomène planétaire dû aux activités humaines qui aura des répercussions considérables à la fois économiques, sociales, culturelles et environnementales dans tous les pays, si nous ne faisons rien.
Yann Arthus Bertrand dans son film « HOME » confirme cette réalité et en témoigne par des images fortes.
Certains diront :

« C’est encore un truc de zoreille- c’est peut-être vrai en métropole, ou au pôle Nord, mais nous ici, ça nous concerne pas ».


Et pourtant le réchauffement climatique nous concerne à double titre :

  • parce que nous subissons directement ses conséquences sans en être forcément à l’origine
  • et aussi parce que nous contribuons à notre échelle à ce phénomène en raison de nos rejets de gaz à effet de serre qui sont loin d’être négligeables.
  • Quoi qu’il en soit, même si cette année n’est pas spécialement significative vu la durée de la saison fraîche, le réchauffement climatique est une réalité en NC aussi, puisque on y a observé, sur une période de plusieurs dizaines d’années que la température s’est globalement élevée.
  • Le réchauffement climatique a des conséquences dont certaines ont déjà pu être constatées et d’autres sont prévisibles:
  • la montée des eaux dans les Îles basses ou les atolls, y rend dans certains endroits les terres impropres aux cultures comme dans le Nord d’Ouvea,
  • l’absence d’un stress thermique suffisamment important perturbe la fructification d’arbres fruitiers.
  • L’aggravation et la fréquence des périodes de sécheresse peuvent avoir des conséquences dramatiques pour l’agriculture, pour l’accès à la ressource en eau et pour la pérennité de certains écosystèmes
  • L’impact sur la barrière de corail, et donc l’ensemble de l’écosystème lagonaire, peut être fatal d’autant plus que ceux-ci sont également menacés par l’acidification des océans, lui aussi généré par les émissions de CO2
  • la prolifération d’organismes nuisibles comme les algues vertes dans les creeks ou les rivières sont susceptibles d’impacter gravement les écosystèmes.

 
Nous subissons les effets du réchauffement climatique, mais la Nouvelle-Calédonie émet aussi massivement des gaz à effet de serre.
Si nous sommes ici, ce soir, c’est aussi pour dire qu’en Nouvelle-Calédonie des personnes ont pris conscience de la nécessité de modifier notre mode de vie et nos choix de société, parce qu’il n’est pas acceptable que notre pays reste étranger à l’effort consenti par la communauté internationale pour réduire ses gaz à effets de serre.
En matière de développement durable et de santé, on sait que la Nouvelle-Calédonie détient déjà un certain nombre de records comme le nombre de cancers de la tyroïde, la quantité d’alcool et de cigarettes consommées, le taux d’illettrisme des jeunes, la proportion de population sous le seuil de la pauvreté, la production de déchets par habitant, ou de pesticides importés par rapport à la surface cultivée, mais c’est dans le domaine de l’énergie que nous détenons le pompon avec 98% d’énergie fossiles importée.
Dans ce domaine, malheureusement la vérité qui dérange d’Al Gore n’a pas dérangé beaucoup d’élus en Nouvelle-Calédonie.
Ils ont commencé par exclure la Nouvelle-Calédonie du Protocole de Kyoto et à accorder des mesures de défiscalisation pharaoniques à des industries fortement polluantes comme Vale Inco et Prony Energie.
Aujourd’hui déjà la Nouvelle-Calédonie rejette annuellement en moyenne 13,7 tonnes de CO2 par habitant contre 7 tonnes en France. Dans quelques années quand les centrales thermiques au charbon de Prony Energie, Doniambo et Koniambo seront en fonction, nous serons à 36,8 tonnes par an et par habitant, un peu après le Qatar et devant les USA. Pas de quoi être fier…
Dans le même temps, il y a des pays qui montrent que des solutions existent :

  • l’Allemagne qui est à la seconde place après le Japon pour l’énergie solaire photovoltaïque s’est lancé dans un programme extrêmement ambitieux d’énergie éolienne en mer
  • la Réunion qui travaille à un programme de production d’énergies renouvelables en vue de son autosuffisance en 2030

 

Que demandons-nous ?


D’abord l’ouverture d’une véritable réflexion de fond et d’un débat contradictoire, associant les élus et la société civile sur l’avenir de ce Pays : voulons-nous un pays hyper industrialisé dominé par les multinationales du nickel ou un pays aux activités diversifiées qui produit l’essentiel de ce qu’il consomme
Dans le domaine de l’énergie :
L’élaboration d’une politique ambitieuse de développement des énergies renouvelables, avec notamment :

  • la taxation du fuel et du charbon à l’importation et l’affectation des recettes à un fonds de développement des énergies renouvelables
  • faire payer aux industriels le juste prix de l’énergie qu’ils consomment en y intégrant une compensation carbone
  • la possibilité pour des particuliers d’accéder à des équipements de production d’électricité solaire ou éolienne raccordé au réseau pour satisfaire leur consommation par une aide à l’investissement sous forme de crédit d’impôt et un tarif de rachat du kilowattheure incitatif, de l’ordre de 60cfp du kwh avec un retour sur investissement n’excédant pas 7 ans.
  • engager un programme ambitieux de reboisement en essences appropriées, pour capter le carbone, mais aussi créer des emplois et des richesses

Dans le domaine des déplacements :

  • Elaborer en y associant la société civile un véritable Plan de Déplacement Urbain, visant à réduire l’utilisation des voitures dans le Grand Nouméa
  • instaurer des rues piétonnes dans le centre ville de Nouméa
  • construire un véritable réseau cohérent et sécurisé de pistes cyclables dans Nouméa
  • améliorer les transports en commun avec des Transports en Commun en site Propre (TCSP) comme le suggère François Serve, en attendant le tram train dont il convient de commencer à étudier la faisabilité

Le 10 septembre le titre à la Une des Nouvelles est sans équivoque : « On pollue trop ». En cause : essentiellement le « Tout voiture » et les centrales thermiques au fuel et au charbon existantes ou en projet.
A notre insu, nos élus sont en train de construire autour de la Nouvelle-Calédonie, un mur de la honte virtuel sur lequel s’affiche en lettre de feu : « Ce pays pollue trop ». Allons nous les laisser faire sans broncher ? Allons-nous accepter d’être des cancres sur le plan des rejets de gaz à effet de serre ?
Comme les trompettes ont résonné à Jéricho, faisons sonner nos casseroles et nos réveils pour ébranler les murs de la honte des centrales thermiques et des projets polluants et éveiller la conscience de nos élus pour leur inspirer un ambitieux plan de développement des énergies renouvelables.
Merci à tous ceux qui nous aident à atteindre nos objectifs et qui participent à nos actions.