Le nickel n’est pas une ressource renouvelable. Son exploitation entraîne des conséquences désastreuses sur l’environnement : érosion, pollution des creeks et du lagon, dégradation des écosystèmes… En Nouvelle-Calédonie, l’industrie du nickel ne respecte pas les principes du développement durable. C’est la raison pour laquelle il faut sortir de ce modèle de développement tout-nickel et adopter dès à présent des technologies alternatives garantissant une qualité de vie durable et un mode de vie convivial, respectueux de la nature et des hommes.
Le 7 mai 2014, sur le site de Vale NC, une fuite de 96 m3 de solution acide a provoqué la mort de nombreux poissons et organismes aquatiques, dont certains inscrits sur la liste rouge de l’UICN et classés en danger d’extinction. Cet « incident », 5 ans après la fuite d’acide du 1er avril 2009, est la dernière en date d’une longue série d’agressions, plus ou moins connues, infligée par l’industrie minière à la nature du Sud depuis plus de 20 ans.
Depuis la mise en fonction de l’usine pilote en 1998, nous avons fait part aux autorités et à l’opinion publique de nos réserves et de nos inquiétudes à l’égard de ce projet, et de notre désaccord pour son implantation dans le sud.
Aujourd’hui l’usine est là. Ceux qui ont donné à l’industriel l’autorisation de fonctionner dans les conditions que l’on connait, ceux qui ont favorisé son implantation en bradant la ressource et en offrant des conditions financières et fiscales scandaleusement favorables, ceux qui ont présenté ce projet comme un nouvel Eldorado, ceux qui, par leur silence l’ont accepté tacitement, doivent aujourd’hui prendre leurs responsabilités.
Pour certains calédoniens, c’est l’incident de trop et ils l’ont fait savoir. Faut-il fermer l’usine ? La question est légitime. Quand le projet était encore dans les cartons, il fallait décider de ne jamais le réaliser. Aujourd’hui, les enjeux sont tels que nous estimons inapproprié d’y apporter une réponse binaire. Le nickel est en Nouvelle Calédonie, ce que le nucléaire est pour la France : une dépendance. On pourrait même parler d’une addiction dont il nous appartient de sortir. Pour que le remède ne soit pas pire que le mal, cette sortie doit être programmée et organisée par étapes. Dans cette perspective, voici quelques unes de nos propositions sur :
A. l’usine du Sud :
Évaluer le coût d’une remise en état du site (mine et usine) et exiger de Vale un fonds de garantie correspondant à ce coût en cas d’arrêt de l’activité.
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Investir dans des activités économiques alternatives (agriculture bio, sylviculture, énergies renouvelables…) ou d’autres créneaux à forte valeur ajoutée, financées par une taxe sur la tonne de minerai exportée la réalisation de micro-projets ou même de programmes d’envergure, créateurs d’emplois, pour reclasser systématiquement le personnel à la suite de la fermeture de Vale.
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Mettre un moratoire sur l’extraction du minerai dans les fosses minières en attendant les résultats d’une étude des réseaux hydrologiques souterrains garantissant qu’il n’y a aucune communication entre la Plaine des Lacs et les fosses minières.
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Demander le paiement par Vale du juste prix pour l’accès à la ressource minière à Goro et la restitution aux collectivités publiques des sommes dont elle a bénéficié au titre de la défiscalisation, de subventions ou d’exonération diverses pour non-respect des règles de sécurité.
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Annuler l’arrêté d’exploration accordé à Vale et à la SLN sur le secteur de Prony et du Creek Pernod et maintenir son statut de réserve minière provinciale.
B. L’exploitation du nickel en Nouvelle-Calédonie :
Réaliser une étude interdisciplinaire approfondie sur les impacts de l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie depuis son origine, sur le plan environnemental, économique, social, culturel et sanitaire. Cette étude doit mettre en évidence, aussi bien les retombées positives que négatives et donc les bénéfices, mais aussi les pertes et externalités que cette activité a générées pour le Pays.
Ouvrir et accélérer le chantier de réhabilitation des 20 000 hectares de mines orphelines recensées par le gouvernement dont le coût est estimé à 160 milliards CFP.
La mise en place d’une taxe carbone sur les centrales thermiques au fuel et au charbon, dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.
ACTION BIOSPHERE Le 07 juin 2014
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