Déclaration du 9 février 2008, au Cap N'Doua, Nouvelle-Calédonie

manifestation cap N'Dua

A nos décideurs politiques .....
M. le Secrétaire d'Etat chargé de l'Outremer
M. le Haut-Commisaire
M. le Président du Gouvernement de Nouvelle-Calédonie
M. le Président de la Province Sud
M. le Maire de Yaté
M. le Maire du Mont Dore.

   En clôturant le 6 février 2008 les rencontres environnementales d'Outremer, Monsieur le Secrétaire d'Etat chargé de l'Outremer, Christian Estrosi a fait de belles déclarations :

"Mettons toutes nos forces à préserver la biodiversité (...) , cette richesse n'est renouvelable que sur le très long terme (..) ; je suis le dépositaire de ce patrimoine (récifs coralliens) que je dois veiller à préserver. Pour convaincre, la France doit s'appliquer à elle même ce qu'elle sollicite des autres. Chaque geste compte .."

  Amoureux de la nature calédonienne, de son lagon, de ses récifs, citoyens respectueux des droits et des peuples, nous sommes rassemblés aujourd'hui, en ce lieu hautement symbolique du Cap N'Doua, pour demander à nos décideurs de mettre en accord leurs paroles et leurs actes.
  Ensemble, nous sommes là pour refuser ce grand tuyau qui va empoisonner notre beau lagon. Long de 21 kms, il crachera son venin à plus de 1200 m3 (et jusqu'à 3050m3) par heure, au mépris des normes environnementales : émissions à 40° - alors que les coraux meurent à 30°; rejets avec dilution d'eau de mer - ce qui est interdit ; rejets de mercure, plomb, Chrome 6 très toxique ( 365 kgs par an !), de solvants organiques cancérigènes ou neurotoxiques : Shellsol A150 , Cyanex 301 dont les quantités émises sont encore inconnues.
  Et ces effluents remonteront en surface, tout près de la Réserve Intégrale Yves Merlet, première réserve marine de France, qui a vocation à être inscrite au patrimoine mondial de l'humanité.
  On croit rêver, mais c'est un cauchemar. (En réalité ce tuyau est indissociable de cette usine).
  Certains demandent de proposer une alternative.
  Est-ce à nous de réparer les erreurs d'INCo/Vale ?
  Rappelons qu'en août 2004, la Direction des Ressources Naturelles a émis UN AVIS DEFAVORABLE en détaillant les effets néfastes prévisibles. Cet avis n'a pas été pris en compte par le président de Province Sud Philippe Gomès, qui accordait le 15 octobre 2004 un ICPE pour l'usine ; ICPE annulé, à l'initiative de l'association Rhèèbu Nùù, le 14 juin 2006 par le Tribunal Administratif pour raisons de non respect (du peu) de réglementation de l'environnement.
  Le directeur de Goro Nickel a alors déclaré publiquement :

 " Nous prenons acte de cette décision ; cependant nous continuons à nos risques et périls " !

  Nous voilà encore une fois mis devant un fait accompli plus qu’opaque malgré la fameuse "transparence" invoquée par nos responsables politiques.
  Malgré l'annulation de l'ICPE, la construction de l'usine s'est poursuivie. En province Nord et en France un permis de construire tombe d'office quand l'ICPE est annulé – pas en Province Sud !
  N'est-ce pas étrange ?
  N'est-il pas étrange, de laisser se poursuivre des travaux sans autorisation ? que l'Etat n'ait pas cherché à récupérer son cadeau fiscal de 500 millions d'euros alors qu'il y était obligé puisque les normes environnementales n'étaient pas respectées ?
  En outre les réserves minières (appelée le diamant de Goro ) bien plus riches qu'on ne l'a dit, ont été cédées au centième de leur valeur.
  Non, il n'est pas trop tard pour faire cesser ce triple scandale écologique, économique et politique. Ils peuvent payer !
 
  Que faire ?

Pour commencer, pas de tuyau !

  • - Ensuite, l'industriel doit mettre en place un Fonds de garantie au minimum de 10% de l'investisse ment, comme cela se pratique ailleurs. Il est impératif de recourir pour les expertises à des spécia listes internationaux indépendants - notamment sur le thème de « l'extinction d’espèces »
  • - Goro Nickel doit indemniser la NC pour les 2 000 hectares de forêt déjà détruits, la plupart sans autorisation, en profitant d'une réglementation des mines qui date de 1954.
  • Attention, revégétaliser n'est pas remettre en état le biotope original, c'est hélas impossible ; au mieux on peut replanter les quelques espèces végétales que l'on maîtrise.
  • - Faire un vrai Point Zéro, avec l'inventaire botanique ( de ce qui subsiste ) dans le Sud.
  • - Classer la Plaine des Lacs en site Ramsar : classement proposé par la France en 1998, et refusé par nos autorités

  Bien sur, il faut que nos responsables politiques cessent de retarder la mise en œuvre d'un point clé des Accords de Nouméa : l'élaboration du schéma de mise en valeur des ressources minières, prévu .. pour 2004, et dont découle la nécessaire actualisation de notre réglementation. C'est là un problème qui concerne le Sud ET le Nord.

  Nous sommes venus aujourd'hui en compagnie des citoyens de Yaté, Ile Ouen, de l'île des Pins, de Houailou, Tahiti, France et d'ailleurs, admirer les merveilles de ce biotope exceptionnel. De ce lieu où l'on domine un sanctuaire précaire pour les baleines à bosses et les milliers d'espèces endémiques, nous disons ensemble aux décideurs :

  • Notre refus déterminé que notre lagon soit souillé de façon irrémédiable
  • Non au saccage de tous ces hectares de forêt primaires et maquis minier, remplacés par un immense dépotoir de boues épaissies

  Tout cela au profit de la 5ème plus grande usine chimique au monde ! ?
  Pas d'AZF ni de Seveso en Nouvelle-Calédonie !
   Battement d'aile de papillon au départ, notre mouvement de citoyens indignés va s'amplifier ; c'est un message clair envoyé jusqu'à Washington, Paris et Rio ... en passant par la Baie de Moselle.


NON AU TUYAU !

CODEFSUD – ACTION BIOSPHÈRE