1. Quel niveau de protection le statut d’AMP confère-t-il au PNMC ?
L’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) donne de l’AMP (Aire Marine Protégée) la définition suivante : « Une aire protégée est un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés ». Elle ajoute : « …En cas de conflit, la conservation de la nature sera la priorité »
Nous ne pouvons que nous féliciter de la décision prise en 2014 et renouvelée aujourd’hui par le gouvernement, de confirmer le statut d’Aire Marine Protégée du PNMC et nous réjouir de l’image du bon état de santé du Parc tel que nous le présentent certains scientifiques et les médias. Nous avons toutefois noté que certains rapports font état d’une baisse des ressources halieutiques, une diminution des populations d’holothuries, de bénitiers ou d’oiseaux marins… Des indicateurs qui suggèrent que la situation pourrait se dégrader et que le statut d’AMP est loin de garantir une protection efficace sur le terrain de notre biodiversité marine.
La décision récente de l’Union Européenne, validée semble-t-il par le gouvernement en métropole, de prolonger l’autorisation de la pêche au chalut en eaux profondes dans les Aires Marines Protégées en Bretagne, malgré les impacts catastrophiques de cette pratique sur le milieu nous conduit a nous poser la question : De quoi précisément le PNMC est-il protégé ? Puisque à peu près tout ou presque y est autorisé y compris, si l’opportunité se présente l’exploration et l’exploitation des ressources minières et des hydrocarbures. Si le statut d’AMP ne présente aucune garantie en matière de protection des ressources biologiques marines, il nous appartient de mettre en œuvre d’autres mesures plus efficientes.
2. Quelles mesures pour renforcer la protection du PNMC ?
Le Parc compte aujourd’hui 1,3 millions de km². Avec 8 000 km² de réserves intégrales, soit 0,5 %. Les réserves naturelles et intégrales représentent environ 28 000 km² soient 2 % de la surface du parc. L’ambition du gouvernement serait de passer à 31 426 km². Nous sommes loin des préconisations de l’UICN en 2017, qui recommandait 30% de surface sous protection forte de catégories I et II, soit une marge de progression de 362 000 km².
Nous constatons également le manque de précision concernant la colonne d’air au-dessus de la surface de l’eau et la profondeur du sol et sous-sol. En outre nous nous interrogeons sur le statut de l’Extraplac. La zone des 80 000 km² concédée par l’ONU à la France en 2015 par extension de la plaque continentale ne semble pas être incluse dans les limites du parc ?
La seconde recommandation de l’UICN était : « de définir des mesures de gestion concrètes permettant d’encadrer/interdire les activités survenant directement dans le Parc (pêcherie, tourisme et activités récréatives, trafic maritime, exploration et exploitation des ressources minérales profondes…) et y intégrant une prise en compte d’impacts en dehors des limites du parc comme le réchauffement climatique.
Après en avoir identifié les enjeux, les surfaces mises en protection forte peuvent être considérablement élargies et mises en connexion en y incluant les monts sous-marins, îles hautes, atolls et récifs coralliens vierges, couloir de migration, espaces de reproduction de certaines espèces,… le zonage doit être priorisé suivant des critères d’importances et enjeux de conservation scientifiquement établis.
L’augmentation des surfaces classées en réserve sur papier ne suffit évidemment pas. La principale menace qui pèse sur ces zones à forte valeur patrimoniale, tient à la fréquentation des lieux, la première mesure efficace serait de s’abstenir de les fréquenter et il serait donc logique de les classer préventivement en réserve intégrale de catégorie I de l’UICN.
Dans un souci de cohérence et de clarté à l’international il conviendrait de reprendre dans la loi les interdictions énoncées dans les critères de l’UICN et certaines en vigueur dans les eaux provinciales.
3. Les ONG dans le Comité de gestion
A plusieurs reprises nous avons eu l’occasion de dénoncer le rôle et la place des ONG dans le collège de la société civile au sein du comité de gestion. Leurs représentants qui siègent au comité de gestion sont pour la plupart des salariés au service d’organisations internationales. Ils sont tenus d’appliquer les directives de leur siège et de rendre des comptes aux dirigeants à l’étranger, dont les intérêts et le fonctionnement n’ont rien à voir avec les associations locales de statut 1901. Sans mettre en cause la valeur des contributions des ONG, nous considérons qu’elles ne peuvent se prévaloir de représenter la société civile en Nouvelle-Calédonie. Elles entretiennent semble-t-il des relations privilégiées avec les décideurs qui peuvent se traduire par des contrats ou accords financiers opaques. Ce sujet mérite à notre sens d’être débattu et traité comme il se doit.
4. Consultation du public et prise en compte des avis exprimés
Nous sommes satisfaits de constater que les décisions relatives à la gestion du PNMC fassent l’objet de consultations de la société civile. Nous avons répondu récemment à un questionnaire ayant pour objet l’évaluation du Plan de gestion 2018/2022 et la présente consultation porte aujourd’hui sur les projets d’arrêtés de création du PNMC suite à la Loi de Pays adoptée en décembre 2021 et l’instauration des réserves. On pourrait toutefois améliorer la procédure en prévoyant un temps de retour et d’échange. Pour qu’elles aient du sens pour nous, nous souhaiterions avoir des réponses aux questions suivantes :
- Quand aurons-nous un retour sur ces consultations avec une synthèse accessible des réponses données ?
- Comment les avis exprimés sont-ils pris en compte ?
- Quelles sont les observations et propositions qui ont été retenues et celles qui ne l’ont pas été, et quels sont les motifs de leur rejet ?
Action Biosphère s'est donc prononcée défavorablement aux arrêtés proposés pour le parc Naturel de la mer de corail lors du comité de gestion N°12
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