Message d’action biosphère à l’occasion du 10ème anniversaire de l’œil
Entre 1998 et 2008, l’implantation du complexe industriel de Goro a généré de fortes tensions et une agitation parfois violente. Présenté comme un nouvel Eldorado et un modèle de développement durable, il a divisé les populations. En l’absence d’un consentement éclairé, ce projet a été ressenti par une partie d’entre elles comme une agression insupportable de leur milieu, et même une spoliation de leurs ressources.
Pour éviter le pire et rétablir la paix, les principaux acteurs concernés ont décidé de se mettre autour d’une table et de trouver un terrain d’entente. C’est dans ce contexte tendu que l’œil a vu le jour. Il s’agissait au départ d’un outil destiné à contrôler le développement de l’usine et l’évolution des impacts des activités humaines.
A l’époque il lui était essentiellement attribué une double mission :
- veiller à garantir aux populations riveraines leurs ressources vitales, la qualité de l’eau et de l’air, la protection de leurs ressources marines et terrestres,
- et veiller à garantir la conservation d’un patrimoine naturel unique qui se caractérise par une flore avec un taux d’endémisme exceptionnel enfin reconnu à l’échelle de la planète.
Pour mener à bien cette mission d’observation, de contrôle et de suivi, il avait été décidé de réunir dans une même structure, les industriels, les autorités administratives, politiques, scientifiques et coutumières, les représentants de la société civile et en particulier des associations de défense de l’environnement.
Depuis 10 ans, l’œil s’est assidument attelé à la tâche avec succès, puisqu’il est parvenu à créer entre les divers partenaires des relations apaisées et une certaine confiance. Celles-ci ont permis un travail de terrain rigoureux dont nous pouvons être fiers aujourd’hui.
La liste des réalisations de l’œil, des études, dossiers, documents de recherche, applications, supports de vulgarisation etc serait longue. Ce n’est ni le lieu, ni le moment d’en faire ici l’inventaire.
L’œil est loin d’avoir épuisé l’ensemble des pistes à explorer et nous espérons donc que son travail sera poursuivi, en priorité dans le Grand sud, et en particulier sur les sites miniers actuellement en exploitation ou susceptibles de l’être, par exemple dans la baie N’Go et celle de la rivière des Pirogues.
Nous souhaiterions également que soit fait un état des lieux, après plus de 10 ans d’exploitation sur le site de Goro, en référence avec l’étude d’impact initiale et les différentes autorisations d’exploiter accordées. Où en sont les plans de conservation ? Les règles d’exploitation ont-elles été respectées ?
Nous pensons qu’il vaut mieux concentrer l’énergie de l’oeil sur le Sud et la région de Thio. L’œil a une histoire spécifique, il est né d’un contexte particulier et a été porté par des personnes qui lui ont donné sa configuration actuelle. Nous estimons qu’il n’a pas vocation à étendre sa zone d’intervention dans le Nord. Si les gens dans le Nord éprouvent le besoin de se doter d’un tel outil, il leur appartient de l’organiser et de le faire vivre.
En cas de demande, nous sommes toutefois favorables à un partenariat de l’œil dans le Nord avec des structures semblables ayant les mêmes missions, pour un partage d’expériences et un éventuel accompagnement de leurs travaux.
Nous estimons que le financement de l’œil pourrait très bien trouver une solution dans un prélèvement minime, sous forme de taxe, des revenus issus de l’exportation de minerai.
Nous souhaitons longue vie à l’œil et que les moyens lui soient donnés pour qu’il poursuive sa mission.
Le 4 octobre 2019 ACTION BIOSPHERE
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